À l'encre
À l'encre
Je marche sur les quais de Brest la désolée
Le Port de commerce luit des larmes d’un crachin pathétique
Les pavés se rêvent vainement des mots de Mac Orlan
Sombre Cargo cassé, trépassé, quelle bombe est passée là ?
Sous les gravats de quel porche est ensevelie Barbara ?
C’était quand déjà ?
Dans quel trou dans l’eau a sombré Fanny ?
C’était ou déjà ?
Bon dieu qu’elles sont jolies les âmes des dames qui arpentent la pluie
Celles que pensent mes mots
Celle qui pansent mes maux
Pour une pièce en or … et quand ils ont bien bu
Une putain et du Rhum
Putain du Rhum
il me faut du Rhum … et des femmes
Trouver la taverne
Trouver la taverne et tout mettre en berne
Trouver le verre, le Grall qui emprisonne mon ancre de miséricorde
Trouver le plus crade des rades de la rade
et calfater mon âme à coup d’addictions de bourbon et de largesses de Guinness
Se caler sur le zinc cradingue et partir
Partir en piste et boire avec les ombres qui sombrent dans ma mémoire
Partir en bordée avec Jean-marie, Jack, Pierre, John, Paol, Xavier, Corto, et les autres
Partir pour une nuit, pour une vie jusqu’au plomb du petit matin
et gerber à l’aube toute cette daube qui me laisse encore à l’encre
©Texte Yann Le Rousic
CARGO